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Radio- graphie

À travers une série de 8 podcasts, chacun centré sur une inspiration et sur une thématique spécifique, Serge Lutens s'ouvre sur sa vision créative, sur les expériences clés de sa vie et les inspirations qu'il a rencontrées tout au long de sa carrière, comme jamais auparavant.

Baptisé « RADIOGRAPHIE », ce projet de podcasts est conçu comme un voyage audio, de son esprit et de ses émotions.

DÉCOUVRIR LES ÉPISODES

Les épisodes

EP.1 - L’éloge du maquillage
EP.2 - L'écriture du parfum
EP.3 - L’invention d’une femme
EP.4 - Inspirations littéraires et artistiques
EP.5 - Au fil de l'eau
EP.6 - Le choc marocain
EP.7 - La révolution japonaise
EP.8 - La fondation
  • L’éloge du maquillage

    Serge Lutens revient, à travers ce récit, sur sa conception du maquillage et sa relation au fard. Cette mise en scène du visage, invisible ou théâtrale, instinctive et inspirée, créa sa légende et fit de lui le premier «Make Up Artist ».

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    L’éloge du maquillage

    Et si l’histoire de Serge Lutens et la réputation qu’il s’est forgée dans le domaine du fard n’était qu’un malentendu ? Entré chez Dior pour concevoir leur première ligne de beauté, le jeune prodige de pas même 30 ans se voit dès le début des années 70 décerné pour la première fois par la presse américaine : le titre de « make-up artist » et révolutionnaire du maquillage. Pourtant, rien ne prédestinait Serge à devenir l’homme clef de la beauté de cette période.

    Dès les années 50, la vision projetée par la presse féminine de la femme le rebute. Enfermée dans des règles d’un autre temps, des conventions, des techniques réservées aux plus expérimentées ou aux mannequins des magazines, la beauté se doit alors d’être utile. L’eyeliner, c’est fait pour allonger l’œil : point ! L’époque est cependant en passe de changer. 68 n’est pas encore arrivé mais chez Dior, l’arrivée de Lutens un an auparavant à la tête de la beauté promet déjà un renversement de tous les codes. Autodidacte assumé à la vision brute et sans compromis, le Lillois fonctionne à l’instinct, au flair. Avec lui, pas de nuances, de demi-tons, pleins feux sur la couleur ! Serge souhaite des teintes franches, nettes, déclarées. Rendre évident ! L’éloge du maquillage de Baudelaire résonne en lui : La femme est idole et doit se dorer pour être adorée. Avec lui, sans prévenir, le fard passe des yeux aux joues et si le maquillage doit craqueler sur le visage, tant mieux ! La rupture est ainsi consommée. Plus de retour possible. La destruction des codes de l’ancien monde est en cours.
    Très vite, une certaine société se réclame de cette façon de se comporter avec le maquillage. En quelques mois, il devient une arme redoutable permettant aux femmes de l’après 68 de s’affranchir du carcan dans lequel elles ont longtemps été cadenassées. En quelques mois, le chiffre d’affaires de la maison de couture s’envole, et fort de ce succès Serge se voit progressivement confier la réalisation des campagnes publicitaires. Véritable metteur en scène, il sait mieux que personne, sans l’avoir jamais appris, lire la lumière sur un visage et s’autorise toutes les hardiesses : « C’était une attitude nouvelle, contestatrice. J’avais besoin de faire ce pas. Du rouge aux yeux, l’imaginez-vous ? Du jaune, du noir, du violet ! Des corps de paillettes, du maquillage de la tête aux pieds, des bodys sans couture aucune et des coiffures aux ciseaux, coupées si nettes, qu’entre les franges et le charbonnage des yeux, l’ombre les confondait ». De Paris à New York, les femmes ne jurent plus que par lui. Ses propositions libres et affranchies des recettes toutes faites de beauté rencontrent leurs aspirations. Elles savent très bien qu’elles ne sortiront pas dans la rue maquillées comme ses célèbres photographies de filles blanches, mais ont compris qu’acquérir un fard Serge Lutens, c’était une façon d’exister, d’envoyer en l’air les injonctions à être belles et se taire, l’autoritarisme d’une société sur le déclin. Bref, une façon de dire non en beauté !

    Alors que les musées du monde entier commencent à s’intéresser à l’œuvre photographique de cet artiste inclassable, et que le cinéma lui fait les yeux doux en diffusant deux de ses courts-métrages à Cannes en 1973, puis 1976, Serge Lutens éprouve un sentiment de lassitude. L’étiquette de « Meilleur maquilleur du monde » que la presse accole à son nom, le précise trop. Il n’a aucune envie de s’enfermer dans un rôle aussi commode, aussi applaudi soit-il. Son ambition est ailleurs. Elle le porte en 1980 à relever un défi de taille : s’engager auprès du groupe de cosmétiques japonais Shiseido - inconnu alors - à les faire connaître sur le plan international. Le Japon le fascine et le Français a tout pour lui : le talent, la renommée. Il va dès lors s’impliquer corps et âme dans cette nouvelle aventure. Dès son arrivée, il met fin à l’habitude des benchmarking de la concurrence et prends personnellement en main les créations de couleurs. La signature maquillage « Shiseido, by Serge Lutens » devient tout au long des années 80 et 90, un must pour les inconditionnels de la beauté. La technicité du groupe et l’obsession de la perfection de Serge Lutens se répondent merveilleusement.
    Serge Lutens saura s’en souvenir lorsqu’il créera, sous sa propre marque, dans les années 2000 son Nécessaire de beauté. Un éloge de l’invisible jouant les allers et venues entre l’être et le paraître. Plus qu’une ligne de maquillage, une philosophie du fard pour le fard, contenue dans des boîtiers aussi précieux que des laques japonaises. L’éloge du maquillage tel que le rêvait Baudelaire : l’étoffe d’une femme. Je lui donne chair, je lui donne fard !

    1°) Serge Lutens, vous qui rejetez les titres et les étiquettes, vous êtes à l’origine d’un métier qui n’existait pas vraiment jusqu’alors : make-up artist...Est-ce une définition dans laquelle vous vous reconnaissez ?
    (05 :51) Non, mais Mishima se reconnaissait-il dans Confession d'un masque ? Je crois que ça correspond beaucoup plus à ça. J’avance masqué, et en fait, ce que j’ai fait dans l’image, ce que j’ai construit avec l’image, n’appartient pas au maquillage. C’était la recherche d’une image, d’une image parfaite si vous voulez. D’une image qui permettait de faire face. Donc en fait, c’est un masque, mais un masque splendide. Comme le Nô justement si vous voulez, c’est-à-dire ces personnages qui avancent, où chaque mouvement est étudié, chaque mouvement de pied, chaque mouvement de main est un sens si vous voulez. C’est une invention totale. C’est une femme inventée, c’est-à-dire qu’en fait ses mouvements, ses gestes, elle ne peut pas se tromper. Elle doit appartenir à la beauté, totalement. Et la beauté ne peut être que codée. (06 :59) Dans le cadre d’une faute. C’est-à-dire que je suis son défenseur, je suis ampli d’elle. Je ne suis plus ni garçon, ni fille, je suis les deux. Je suis son mousquetaire et je suis en même temps celui qui a l’épaule brûlée, c’est-à-dire qu’en fait il n’y a pas de différence. Tout ça s’intègre de la même façon. Elle et moi, il n’y a plus de différence au moment de l’image, au moment de la création.

    2°) Durant toutes les époques que vous avez traversées, vous rejetez systématiquement les cahiers de tendances, les benchmarks. Pour quelle raison ?
    (07 :33) Parce que je les ai toujours inventés, qu’on m’a toujours copié. Et on m’a suivi, alors que moi je n’ai rien fait, je n’ai pas appris de métier d’abord. Il n’y avait aucun métier chez moi, aucune volonté de métier. Au départ je voulais être acteur, mais vous savez on était dans les années 50, c’était en 1956, et je n’ai pas choisi d’être maquilleur ou coiffeur, ou n’importe quoi. Ça s’est placé comme ça. Mon père m’a dit – à l’époque on obéissait – ça paraitrait fou aujourd’hui d’obéir à qui que ce soit, mais c’était comme ça. J’ai suivi, j’ai fait ce qu’il fallait faire. Quand Dieu veut vous punir, il réalise vos désirs. Je voulais être acteur, je ne l’ai pas été. Donc en fait c’était beaucoup mieux comme ça, vous voyez ce que je veux dire. Ce qui s’est passé s’est passé comme ça devait se passer. Le doigt de Dieu.

    3°) Lorsque vous quittez Dior, vous expliquez concevoir une aversion pour le maquillage au point que vous deviez sans cesse vous laver les mains !
    (08 :34) Oui, comme Lady MacBeth et le sang. On voulait se servir de moi à travers un métier, à travers une profession. Or je ne professais pas ça. Le maquillage a commencé à me dégoûter, quand, justement, pour lui-même. C’est-à-dire à partir du moment où on a voulu me faire fonctionner pour lui-même. Et non pas pour la beauté, et non pas pour une femme. Ou pour ce que je voulais dire de cette femme, de cette faute. Parce qu’elles sont confondables. Je ne voulais pas, en tout cas, que ce soit assimilé à un métier. D’ailleurs je vous dis, je n’ai rien appris. Rien du tout. Rien. Tout ce que j’ai fait, c’est personnel. Je ne dirais pas que j’étais autodidacte, j’étais guidé, j’étais mené. Mon école, c’est le destin, c’est rien d’autre.

    4°) La signature d’un fard Serge Lutens, c’est quoi ? Qu’est ce qui se cache derrière le fameux « by Serge Lutens » ?
    (09 :37) Vous savez Serge Lutens ce n’est qu’une appellation, c’est mon nom de naissance, c’est tout. Il n’y a rien qui se cache derrière ça, c’est tel quel. Pourquoi j’ai fait tout cela, qu’est-ce que c’était ? En fait je pourrais assimiler ça en effet à Confession d’un masque. Ce que je fais aujourd’hui, c’est un petit peu ça. Elle est belle cette femme, elle n’est belle pas simplement par le fard, elle est belle par tout un exercice. La règle des gestes, comment on règle un geste. Comme c’est beau là, et comment c’est pas beau là. Je l’ai vu très souvent, c’est des opérateurs si vous voulez. Qui avaient de l’œil, ou qui n’en avaient aucun. Ils ne voient pas. Certains voient, parce qu’ils se laissent aller à voir. Et d’autres veulent contrôler, donc ils ne voient plus rien. C’est toujours pareil. Si vous vous laissez glisser, si vous vous laisser mener, vous créez. (10 :38) Si vous voulez mener, c’est-à-dire que vous devez mener obligatoirement, vous devez diriger. Mais diriger en étant dirigé vous-même. Vous laissez parler la beauté. Vous n’essayez pas de la contrôler, vous la laissez parler. Vous faites avec des gestes, vous modelez, un modèle se modèle. Justement, c’est très clair. C’est un modelage, et vous devez lui inculquer ses mouvements, ses gestes, sa respiration. Il faut qu’elle comprenne. Le maquillage n’est rien s’il était désassocié de l’image il ne m’intéresse pas. C’est l’image qui m’intéresse. Le maquillage en soi ne m’intéresse pas du tout. D’ailleurs pas plus que le parfum. Le parfum, je vous dis, s’il ne me conduisait pas aux mots, il ne m’intéresserait pas non plus. Ce sont des conducteurs, ils vous mènent. Ils tracent, ils vous mènent quelque part. Confession d’un masque, je reprends.

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